Voies navigables de France, gestionnaire de la Loire, entre Nantes (Loire-Atlantique) et Bouchemaine (Maine-et-Loire), a débuté les travaux dits de « rééquilibrage du lit de la Loire » en arasant, à hauteur de Montjean-sur-Loire, les épis, « digues » de rochers striant à intervalles réguliers le lit majeur du fleuve. Une approche technique dénoncée par 400 signataires, dont les pêcheurs professionnels en eau douce, d’une pétition remise, en juin dernier, à Christophe Béchu, ministre chargé des collectivités territoriales, de passage à Ancenis (Loire-Atlantique) pour soutenir le candidat de la majorité présidentielle aux élections législatives.
Approche contestée
« Sans épis, les eaux s’étalent sur toute la largeur du lit et les trous d’eau, refuges des poissons, ont disparu sur 30 kilomètres. Les faibles débits et les températures excessives ont contribué à la dégradation de la qualité des eaux. Impossible de mettre des engins de pêche à l’eau actuellement » déplore Jérôme Monfray, président des pêcheurs professionnels en eau douce de Loire-Bretagne. Les pétitionnaires estiment qu’il aurait été plus judicieux de reconstituer au préalable le seuil de Bellevue. C’est dans cette zone à l’amont proche de la métropole nantaise qu’avaient été dynamités, dans les années 1980, des rochers constituant les fonds du fleuve, une destruction dont le but était de favoriser et de développer la navigation fluviale commerciale. Mais il y a belle lurette que plus aucune péniche de gros gabarits ne navigue entre Nantes et Bouchemaine.
Les travaux visent à relever les hauteurs d’eau minimales. Leurs coûts, estimés à l’origine de 42 millions d’euros, sont aujourd’hui évalués à 47 millions d’euros.
Inquiétudes
Jérôme Monfray et Arnaud Guéret, un de ses collègues pêcheur professionnel sur la Loire et l’Erdre, profitaient de cette visite de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, depuis le 4 juillet, pour non seulement dénoncer les attaques judiciaires à répétition intentées, sur les fleuves du sud-ouest, par l’association Défense des milieux aquatiques visant à faire interdire la pêche aux filets de lamproies et de grandes aloses, mais l’alerter également sur la nécessité de réguler les populations de silures, grandes prédatrices de migrateurs. « Nous lui avons par ailleurs rappelé que l’Europe devait prochainement discuter de l’avenir de la pêche à l’anguille et que les pêcheurs professionnels étaient des acteurs importants de la gestion des milieux aquatiques, qu’ils étaient pleinement parties prenantes des études scientifiques menées sur les poissons migrateurs. » ajoutent les deux pêcheurs.