L’omble chevalier (Salvelinus alpinus) est un salmonidé des eaux froides et oxygénées des lacs de montagne. C’est le poisson d’eau douce dont l’aire de répartition est la plus nordique. Il est surtout présent dans les trois grands lacs alpins : Léman, Bourget et Annecy. Il a été introduit dans le Massif central dès 1860, puis en 1936, dans les Pyrénées. Lacs et plans d’eau des Vosges et du Jura ont fait plus récemment l’objet d’essais d’acclimatation. Ombre au tableau toutefois, en 1956, il disparaissait officiellement du lac de Paladru en Isère.
L’omble aime évoluer dans des profondeurs comprises entre 30 et 70 m, pouvant aller jusqu’à plus de 100 m dans le lac Léman.
Sa taille varie d’un plan d’eau à l’autre. À 5 ans, les ombles du Léman mesurent en moyenne une quarantaine de centimètres et pèsent environ 700 g. Au même âge, ceux du lac de Constance (entre Allemagne et Suisse) n’affichent pas plus de 200 g sur la balance. Les plus grands spécimens atteignent 80 cm pour des poids de 6 kg.
L’omble du Léman vit jusqu’à 7-8 ans. Dans sa prime jeunesse, il se nourrit d’abord de petits organismes planctoniques du fond de l’eau, puis en grandissant consomme vers, larves d’insectes, mollusques et autres limnées (petits escargots dont on retrouve les coquilles dans leurs estomacs). Les plus gros spécimens s’attaquent volontiers aux jeunes perches et aux gardons. Ils ont également une propension au cannibalisme.
Le mâle atteint sa maturité sexuelle entre 2 et 3 ans tandis que la femelle attend d’avoir entre 3 et 4 ans pour être féconde.
Dans le Léman, les ombles se reproduisent entre novembre et janvier, lorsque la température de l’eau s’abaisse sous les 7 °C. Les zones de frayères sont très localisées. Ce sont des éboulis (de cailloux et de galets), appelés « omblières », situés entre 50 et 120 m de profondeur. Les mâles préparer d’abord le terrain en balayant le substrat qui recouvre le futur nid. Les femelles viennent alors y pondre entre 2 000 et 4 000 œufs par kg de leur propre poids. Une femelle peut procréer ainsi quatre à cinq fois au cours de sa vie. L’éclosion des œufs n’est possible que dans une eau très bien oxygénée.
L’omble chevalier, menacé depuis le début des années 1960, a connu une remontée spectaculaire des stocks au début des opérations de pacage lacustre dès 1992. Mais depuis 2003, les lacs alpins connaissent à nouveau une forte diminution des captures : alors qu’un peu plus de 25 tonnes étaient pêchées en 2003, les captures sont passées à seulement 6,5 tonnes en 2007, 4,7 tonnes en 2009. Plusieurs hypothèses, aucune n’ayant l’exclusivité, ont été avancées pour expliquer ces chutes de populations : le réchauffement climatique, la prédation par le brochet dont la population a explosé (en liaison avec l’amélioration de la qualité de l’eau), un accroissement de la concurrence interspécifique (notamment avec le corégone, redevenu très abondant)… Une réduction continue de la biomasse planctonique du lac, la première source de nourriture des alevins d’ombles, est aussi évoquée. Les grandes capacités de prédation des perches sont également montrées de la nageoire.
Les pêcheurs professionnels pêchent l’omble chevalier au filet droit de fond, parfois en zone pélagique aux pics, à 20 m de profondeur, en juillet et août, lorsque l’omble se nourrit de jôleries (alevins de perche). Peu combatif, l’omble est également très recherché par les pêcheurs de loisir qui, eux, le capturent à la traîne à partir d’un bateau ou à la canne.
La qualité de sa chair en fait un poisson prisé par les grands restaurants.