Le maigre (Argyrosomus regius), surnommé « grogneur » en raison des sons qu’il émet au moment du frai, est un poisson de mer, dont l’aire de répartition s’étend de la Norvège aux côtes congolaises, du détroit de Gibraltar aux rives septentrionales de la Mer noire. La population de l’Atlantique nord est indépendante, et se reproduit uniquement dans l’estuaire de la Gironde.
Le maigre passe l’essentiel de sa vie dans le Golfe de Gascogne qu’il remonte en longeant la façade atlantique. En mars, il quitte les eaux côtières du pays basque, en bancs compacts, pour entamer sa migration de reproduction. Les maigres longent alors les fonds sablonneux des côtes landaises pour atteindre l’estuaire de la Gironde à partir du mois d’avril. Ils effectuent alors une remontée d’une trentaine de kilomètres qui les mène sur leurs zones de frai, entre Meschers-sur-Gironde et Mortagne-sur-Gironde. Ils y séjournent jusqu’en juillet. Un voyage qu’ils feront chaque année de leur vie. Fin juillet, marque la fin de la période de reproduction, quelques individus s’aventureront alors jusqu’en Seudre (Charente-Maritime) et dans les Pertuis charentais.
« Grogneur » à chair fine
À l’âge adulte, certains spécimens peuvent atteindre une taille de 2 m pour un poids de 60 kg. On trouve plus communément des individus de 50 cm à un mètre, pesant de 10 à 30 kg. Sa longévité ne dépasse pas la quinzaine d’années. Ses populations peuvent grandement fluctuer d’une année sur l’autre, en fonction de la température de l’eau, jusqu’à parfois laisser croire que l’espèce a disparu. En effet, pour favoriser sa reproduction, le maigre a besoin d’une eau à 20-21 °C.
Le maigre est un carnivore. À l’âge adulte, il se nourrit de seiches, de calmars, de poulpes mais ses faveurs vont aux sardines, soles, alosons, mulets et sprats.
Les pêcheurs de l’estuaire de la Gironde le capturent essentiellement en juin et juillet, en utilisant une technique très particulière : la pêche à l’écoute. Le pêcheur détecte les bancs en écoutant les grognements des poissons au fond de sa barque. Cela lui permet alors de poser son filet au plus juste.
Méconnu parce qu’il est rare sur les étals, il est pourtant d’un excellent rapport qualité/prix. Sa chair, plus ferme et plus fine que celle du bar, explique son succès actuel auprès des restaurateurs.