L’association des pêcheurs professionnels en eau douce de Rhône-aval-Méditerranée d’un côté, l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) et la Compagnie nationale du Rhône (CNR), de l’autre, vont mener en parallèle deux études d’estimation des flux de populations d’anguilles d’avalaison sur le Rhône, ces anguilles qui entament leur voyage de migration vers la mer des Sargasses, lieu de reproduction de l’espèce. Interviews croisées de Nicolas Stolzenberg, chargé de mission pour le comité national des pêcheurs professionnels en eau douce (Conapped), d’Hervé Capra, chercheur à l’unité de recherche RIVERLY – Laboratoire Dynam, de l’Irstea de Villeurbanne, et de Franck Pressiat, responsable du pôle environnement, de la direction de l’ingénierie et des grands projets de la Compagnie nationale du Rhône (CNR).
Guideau et toue sur la Loire © Nicolas Stolzenberg
Comment vos projets sont-ils nés ?
Franck Pressiat. Cette étude s’intègre dans les actions que la CNR mène en faveur de la biodiversité, notamment pour restaurer la continuité écologique sur le fleuve et ses affluents (création de passes à poissons, amélioration de passes existantes, passes pièges spécifiques pour les anguillettes en montaison) et la restauration des écosystèmes fluviaux (restauration des lônes, réactivation de la dynamique des marges alluviales).
Elle correspond aussi à une des actions du plan national de gestion de l’anguille et du plan de gestion anguille Rhône-Méditerranée-Corse qui découlent elles-mêmes du plan de gestion européen mis en place par l’Union européenne pour sauver cette espèce en grave danger d’extinction du fait des activités humaines sur les écosystèmes (surpêche, pollutions, modification des bassins versant, assèchement des marais et des zones humides, parasitisme, obstacles à la continuité piscicole…).
Hervé Capra. Le projet est né d’une demande de faisabilité de la CNR suite à une présentation de notre expérimentation menée sur le Rhône dans le cadre de Rhône Thermie – Phase IV. Ce projet visait à comprendre le comportement de sélection d’habitat des poissons (silure, chevaine et barbeau) dans des conditions environnementales très fluctuantes (éclusées). Le comportement des poissons était déterminé à partir de leur localisation en continu dans une station d’étude longue de deux kilomètres obtenue grâce au déploiement d’un important système de télémétrie acoustique dans le Rhône. Ce système de télémétrie acoustique est celui déployé dans le Rhône pour répondre à la question posée par la CNR. Cette question était : comment évaluer les routes de dévalaison des anguilles argentées à travers un aménagement de la CNR (par exemple celui de Caderousse). La réglementation européenne impose aux aménageurs d’évaluer l’impact de leurs aménagements en termes d’échappement d’anguilles adultes (argentées) qui dévalent les fleuves pour aller se reproduire en mer des Sargasses. Une étude préalable avait montré que moins de 10 % des anguilles argentées qui passent par les turbines d’une usine CNR subissent une blessure pouvant entraîner la mort. Mais passent-elles toutes par l’usine ou choisissent-elles de passer pas l’écluse ou par le barrage et le vieux Rhône ?
Nicolas Stolzenberg. Ce projet d’étude est présenté par l’association agréée interdépartementale des pêcheurs professionnels Rhône-Aval Méditerranée, avec l’appui technique du Conapped, et la participation scientifique du MNHN-CRESCO. Il exprime la volonté de la profession de s’impliquer dans les actions du Plagepomi Rhône-Méditerranée et de contribuer à la mise en œuvre du plan de gestion de l’anguille (PGA), par la mise à disposition de moyens humains, de savoirs et de savoir-faire. Cette volonté de contribuer aux actions de connaissance et de gestion s’inscrit d’une part dans les missions des organisations de pêcheurs professionnels en eau douce définies par le Code de l’environnement. Elle répond d’autre part aux besoins de diversification d’activités de la profession dans un contexte de difficultés socio-économiques liées aux mesures d’interdiction de consommation et de commercialisation des poissons fortement accumulateurs en PCB (dont l’anguille) prises dès 2007 sur le fleuve Rhône1.
Ce projet est né de l’existence d’enjeux de connaissances forts sur l’anguille dans le bassin du Rhône, puisque, contrairement à de nombreux cours d’eau et bassins de la façade Atlantique, on ne possède à ce jour aucune donnée sur sa contribution à la production d’anguilles argentées allant se reproduire en mer des Sargasses. L’acquisition de connaissances sur cette production est d’autant plus importante que le Rhône est le premier fleuve français par le débit et le deuxième fleuve s’écoulant en Méditerranée après le Nil, et que la situation biogéographique de son bassin, ses dimensions, ses caractéristiques hydro-climatiques, ainsi que les actions de restauration dont il fait l’objet, pourraient en faire un fleuve référence pour la Méditerranée sur la production d’anguilles argentées.
Une des raisons à ce manque de connaissance est qu’il n’existe à ce jour aucune méthodologie d’échantillonnage adaptée à la puissance du fleuve. Or, la technique de pêche des anguilles d’avalaison au guideau mise en œuvre par les pêcheurs professionnels de Loire permet d’estimer les flux d’anguilles argentées et de calculer un indice d’abondance sur le long terme. Cette technique est reconnue comme étant transposable à d’autres bassins. La communauté de pêcheurs professionnels du Rhône-aval propose donc de mener une étude de faisabilité pour évaluer si la technique peut être adaptée au Rhône.
Le Plagepomi Rhône-Méditerrannée 2016-2021 reconnaît l’intérêt de ce projet en l’inscrivant comme action de priorité A : développer des méthodes d’évaluation de la cinétique de dévalaison et un indicateur d’abondance des anguilles dévalantes, faisabilité transposition guideau/Loire.
Comment vont-ils se dérouler ?
Nicolas Stolzenberg. L’étude de faisabilité proposée s’appuiera sur le transfert de compétences des techniques de pêche professionnelle au guideau utilisées en Loire, avec l’appui des pêcheurs professionnels de Loire (AAPPBLB) et de partenaires scientifiques reconnus (MNHN-CRESCO, université de Tours…), les pêches seront réalisées par les pêcheurs professionnels du Rhône-Aval.
De nombreux acteurs du bassins seront associés au pilotage de l’étude, en particulier l’association Migrateurs Rhône-Méditerranéeen charge des suivis de terrain, la Compagnie Nationale du Rhône et l’Agence Française pour la Biodiversité, ainsi que les acteurs institutionnels, DREAL et Agence de l’eau. D’autres membres du COGEPOMI seront amenés à participer ponctuellement (IRSTEA, EDF…).
Hervé Capra et Franck Pressiat. Le projet DAARAC (Dévalaison des anguilles argentées du Rhône à travers les aménagements CNR) a démarré début 2018 et va durer jusqu’à la fin 2021, voire 2022. L’AFB, MRM, Irstea et CNR collaborent sur ce projet d’un point de vue technique et opérationnel. La DREAL et l’agence de l’eau sont aussi des partenaires institutionnels au sein du comité de pilotage de ce projet. CNR assure le pilotage global de ce projet et appuie Irstea qui est à la fois le garant scientifique et le responsable de l’exécution du projet DAARAC. Deux pêcheurs professionnels participent aussi à l’étude. Jean-Luc Fontaines participe à la capture d’anguilles argentées à l’aide de verveux sur ses lots de pêche situés sur l’aménagement de Caderousse. Florestan Giroud collabore avec Irstea pour la stabulation et le transport des anguilles capturées par pêche électrique.
Le principe de l’expérimentation est d’implanter (chirurgie) un émetteur acoustique dans la cavité générale des poissons pêchés en amont de l’aménagement de Caderousse et de détecter leur passage à travers l’aménagement (barrage/usine/écluse) grâce à des hydrophones installés dans le Rhône qui enregistrent en continu les sons qui se propagent dans l’eau.
Nous avons installé le matériel sur la première moitié de 2018. Il y a 11 hydrophones installés dans le Rhône, 8 en aval de l’aménagement de Caderousse et 3 à l’entrée du delta en Arles. Le matériel en place détecte le passage des anguilles en différents endroits stratégiques : toutes les voies possibles de passage à travers l’aménagement de Caderousse et en Arles pour évaluer si les anguilles qui franchissent Caderousse atteignent la mer.
Nous avons marqué 84 anguilles argentées entre fin août et début novembre 2018. Nous marquerons 100 anguilles supplémentaires en 2019 et en 2020, à la même période. Les données enregistrées sont télétransmises sur un serveur chaque jour.
Nicolas Stolzenberg. Il est proposé de réaliser l’étude en deux volets sur une durée de 3 ans afin de suivre une démarche prudente reposant sur les connaissances acquises, et d’être en mesure de prendre les meilleures décisions. Ainsi, un 1er volet d’une durée de 17 mois permettra de conclure quant à la faisabilité technique de poursuivre par un 2e volet d’une durée de 19 mois. Le 1er volet permettra de valider la meilleure hypothèse technique à suivre (nombre de guideaux, et nombre de nuits de pêche) reposant sur une évaluation des coûts et des bénéfices attendus. Les données acquises sur les 2 volets permettront de calibrer une modélisation réalisée par le MNHN sur laquelle reposeront les décisions d’optimisation de l’effort de pêche et de réduction des coûts pour la mise en œuvre d’un suivi à long terme. Le secteur d’étude est situé en aval du bassin versant pour avoir une estimation du nombre d’anguilles produites sur la plus grande proportion possible du fleuve et ses affluents. Il se positionne sur les biefs en amont et en aval du 1er ouvrage CNR de Vallabrègues, à 68 kilomètres de la mer.
Le choix des stations d’étude repose sur plusieurs critères pour répondre aux besoins et aux contraintes propres à la technique de pêche. Ces critères sont évalués grâce à l’expertise des pêcheurs professionnels de l’AAPPBLB, et à la connaissance de terrain des pêcheurs professionnels du Rhône et des partenaires techniques. Les débits et les vitesses du courant bien plus élevés qu’en Loire sont des contraintes fortes. Il faudra donc privilégier les conditions les plus favorables pour adapter la technique, même si elles ne sont pas nécessairement idéales à d’autres points de vue.
Sont-ce des projets originaux ? Si, oui quelles sont leurs originalités ? Si, non, se distinguent-ils néanmoins, sur quelques points, de projets déjà en cours ?
Hervé Capra. La question posée est également traitée sur de nombreux autres ouvrages sur de petits fleuves aussi bien que sur des grands fleuves (Rhin, Meuse par exemple). Mais pour le Rhône il s’agit d’une première. L’originalité de ce projet est aussi de s’intéresser à des individus « sauvages » capturés in situ en amont de l’aménagement. Les résultats qui viendront représenteront réellement le comportement des anguilles argentées du Rhône. Enfin l’originalité de ce projet repose aussi sur le fait d’enregistrer le passage des anguilles en Arles ce qui permettra de confirmer l’effet cumulé de trois aménagements sur le parcours des anguilles entre Caderousse et la mer.
Franck Pressiat. En outre, la technologie déployée sur le Rhône est adaptée à la dimension de ce fleuve et aux contraintes techniques qu’il impose.
Nicolas Stolzenberg. Des suivis de pêcheries d’anguilles argentées avec interception des anguilles en migration grâce à des dispositifs de capture sont mis en œuvre sur différents bassins versants en France et en Europe. Toutefois les quantifications de flux sont relativement peu nombreuses, en particulier sur les grands cours d’eau, car la seule la technique utilisable adaptée à leurs dimensions est celle du guideau (deux exemples en Loire et sur la Dordogne). Cette technique était initialement pratiquée sur le cours aval du Rhin en Allemagne et aux pays bas, où elle a disparu, mais elle a été adaptée sur la Loire. Le Rhin et le Rhône étant tous deux canalisés et navigués et d’un même ordre de grandeur hydraulique, cela nous laisse un préjugé favorable sur la faisabilité de l’opération.
La méthodologie d’estimation d’un indice d’abondance et des flux d’anguilles argentées, qu’il est proposé de transposer sur le Rhône, a été mise au point sur la Loire. Elle est basée sur l’exploitation de plus de 30 ans de données de pêche professionnelle, et a été validée par le programme européen INDICANG comme étant transposable à d’autres bassins versants en France et en Europe. Ainsi, la méthode a été adaptée avec efficacité sur la Dordogne en vue de la gestion des aménagements hydroélectriques, afin de limiter la mortalité des anguilles dévalantes dans les turbines. Cette méthodologie n’a toutefois jamais été mise en œuvre sur un fleuve de la puissance du Rhône. À titre de comparaison, le débit moyen du Rhône à Beaucaire est de 1690 m³/s2, alors que celui de la Loire est de 931 m3/s à Saint-Nazaire, pour des bassins versants respectifs de 97 600 km² et 117 300 km². Ces estimations de flux, en complétant les suivis existants de l’espèce (comptages des civelles, fronts de colonisation et densités…), permettraient d’envisager que le bassin du Rhône devienne un « bassin pilote » pour l’anguille au niveau méditerranéen, par analogie avec les « bassins pilotes » de l’arc Atlantique.
Une autre particularité du projet est l’absence de connaissance précise du comportement et des conditions de dévalaison des anguilles du Rhône en raison de l’absence de pêcherie professionnelle ciblant spécifiquement l’anguille argentée en activité, et un trou de 10 ans de données de captures d’anguilles suite à la crise PCB. L’estimation de l’indice d’abondance et du flux impose donc une approche différente du suivi réalisé en Loire, basée non pas sur de longues chroniques de données de pêche, mais sur une modélisation réalisée à partir de données environnementales (hydrologie, météorologie, turbidité car déclencheurs du comportement migratoire de l’anguille), et d’un nombre limité de pêches réparties sur l’ensemble de l’année. Il s’agit d’une modélisation prédictive des pics de migration des anguilles argentées réalisée par le MNHN-CRESCO pour la Loire à partir des données environnementales et de pêche professionnelle. Cette modélisation a été conçue en particulier pour évaluer les meilleures fenêtres d’arrêts programmés de turbines hydroélectriques permettant de limiter la mortalité des anguilles dévalantes. Elle répond donc à l’objectif de ciblage des meilleures fenêtres environnementales d’activité migratoire pour optimiser le nombre de sorties et rendre acceptables les coûts des opérations.
Quels sont leurs objectifs ?
Franck Pressiat. L’objectif est de mieux connaître les modalités de franchissement par les anguilles dévalantes d’un aménagement hydroélectrique sur le Rhône et d’en quantifier les éventuels impacts sur le processus de dévalaison des anguilles argentées du Rhône aval. Les résultats viendront alimenter dans un contexte plus large (bassin versant RMC, France, Europe) la connaissance des effets des activités humaines sur cette espèce.
Nicolas Stolzenberg. Pour répondre à la demande du Plagepomi, il est proposé, sous la supervision du MNHN-CRESCO et de l’AFB, d’évaluer la faisabilité d’obtention d’indicateurs proposés par INDICANG et repris par le PGA, tels que : des indicateurs de population (biométrie, stade d’argenture, croissance, phénologie (ou « calendrier ») de migration), de l’état sanitaire des individus vivants (lésions anatomo-morphologiques, parasites…), de l’évolution des tendances d’abondance des populations (Captures par unité d’effort ou CPUE) et d’estimation de la biomasse (ou flux) s’échappant vers la mer (évaluée avec une méthode de Capture Marquage Recapture (CMR)). Dans le cadre d’un suivi à long terme, ces indicateurs devraient permettre de présenter à moyen terme une situation de la population d’anguilles argentées produite par le bassin versant, et d’évaluer sur le long terme l’évolution du stock dans le contexte du déclin de l’anguille au niveau européen.
Il serait notamment possible de mesurer l’incidence sur la production d’anguilles argentées du Rhône, de l’amélioration du recrutement en civelles observée sur le Rhône, comme en Europe (hors Mer du Nord) sur la période 2010/2013. De plus, l’efficacité des politiques publiques visant à augmenter la production en anguilles argentées et leur échappement pourrait être évaluée sur le long terme, telles que l’ensemble des actions mises en œuvre sur la ZAP anguilles : restauration de la montaison, restauration des habitats et de la qualité d’eau, amélioration des conditions de dévalaison par les ouvrages hydroélectriques. Les résultats obtenus pourraient également être mutualisés avec différents programmes sur l’anguille aux niveaux du bassin du Rhône, national (contribution au modèle EDA3) et à l’échelle de la Méditerranée.
Enfin, la mise en œuvre de ce projet vise à promouvoir le rôle des pêcheurs professionnels comme fournisseurs de savoirs et de savoir-faire utiles à la connaissance et à la gestion environnementale du fleuve.
Ont-ils vocation à perdurer ?
Nicolas Stolzenberg. Pour répondre aux objectifs de connaissance de l’évolution et de gestion de la population d’anguille du Rhône, le suivi de ces indicateurs doit être envisagé sur le long terme, soit une durée couvrant au moins 1 cycle biologique de l’espèce (montaison, croissance, dévalaison), soit 10 à 15 ans étant donné l’âge moyen des anguilles argentées sur un grand cours d’eau (10 ans en Loire). La décision de mise en œuvre d’un suivi à long terme ne pourra être prise qu’à l’issue des 2 volets de l’étude, et dépendra de la faisabilité technique d’obtention des indicateurs souhaités (indice d’abondance, flux), et des coûts mobilisables pour l’atteinte de ces objectifs.
Hervé Capra et Franck Pressiat. Non, le programme dispose d’un financement sur 4 années dont 3 années de capture/marquage. Le suivi est pour l’instant prévu jusqu’en fin 2020. Un éventuel prolongement de suivi pourra être assuré si après l’hiver 2020-2021 toutes anguilles marquées n’avaient toujours pas franchi l’aménagement de Carderousse ou pas rejoint l’entrée du delta.
Quels sont leurs coûts ? Comment sont-ils financés ?
Hervé Capra et Franck Pressiat. Le coût total du projet incluant les parts d’auto-financement des partenaires opérationnels du projet (CNR, IRSTEA, MRM, AFB) est de 1,2 millions d’euros dont 393 000 € de co-financement par l’Agence de l’eau RMC.
Nicolas Stolzenberg. Les coûts estimés comprennent les frais de matériel (toues4 et filets guideaux), et les prestations réalisées par les pêcheurs professionnels, les techniciens de l’association MRM chargés de la biométrie, l’AAPPBLB pour la formation technique, le Conapped pour la coordination et l’animation, ainsi que le MNHN pour le suivi scientifique.
Pour le volet I (17 mois), le coût pour la réalisation de 100 pêches par an est estimé à 592 000 €. Pour le volet II (19 mois), les coûts estimés varient entre 509 000 € et 970 000 € en fonction de l’hypothèse mise en œuvre (2 à 4 guideaux).
Les coûts seront réévalués en fonction du nombre de pêches jugé nécessaire à l’atteinte des objectifs. Ce nombre de pêches, qui représente un poste de dépenses important, ne doit pas descendre sous un seuil en deçà duquel la prise de risque de ne pas répondre aux questions posées devient trop importante. Le plan de financement du 1er volet n’est pas encore finalisé. Il fait appel au plan Rhône, qui a labellisé le projet. À ce titre, il devrait mobiliser l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée Corse et le FEDER, à hauteur respective d’environ 200 000 €, ainsi que notamment la CNR et la région PACA (montants à déterminer). Cependant le bouclage du plan de financement est en attente de confirmation de la contribution de CNR, en raison du renouvellement en cours de la concession du Rhône. Dans l’attente, nous poursuivons nos recherches de financements et lançons un appel à cofinanceurs.
Propos recueillis par Frédéric Véronneau
1. Interdictions levées fin 2018 et début 2019 sur la portion médiane du fleuve.
2. Hydrologie du Rhône à Beaucaire : module interannuel moyen 1690m³/s ; débit moyen journalier maximal 4930 m³/s ; crue quinquennale 6700m³/s
3. Eel Density Analysis : modèle développé pour les eaux douces continentales afin de prédire le nombre d’anguilles jaunes présentes sur le territoire et le nombre d’anguilles argentées repartant vers la mer.
4. L’AAIPPED recherche une toue ou un bateau adapté.
La technique de pêche au guideau
L’engin de pêche utilisé, appelé « guideau » ou « dideau », s’apparente à un chalut qui mesure 25 m de long sur 10 m de large et 5 m de haut. Ses mailles sont décroissantes entre l’entrée (120 mm) et l’extrémité (20 mm) qui est prolongée par une poche amovible (maille 10 mm) dans laquelle les anguilles sont recueillies. Il est amarré à deux poteaux métalliques horizontaux reliés à un treuil, ce qui permet de le manœuvrer depuis le bateau (appelé aussi « toue »). Contrairement au chalut, le bateau reste immobile malgré le courant grâce à un système d’ancrage et de câbles. C’est donc le courant qui ouvre les poches du filet dans lequel s’engouffrent les anguilles argentées.
Cette pêche se pratique essentiellement la nuit, lors de crues accompagnées le plus souvent de conditions météorologiques dépressionnaires. Elle nécessite plusieurs relèves du filet durant la nuit pour éviter son colmatage par les feuilles, branches ou troncs emportés par le courant. Parfois, quand la turbidité de l’eau est très importante, des pêches sont réalisées en pleine journée. La capturabilité varie surtout en fonction du débit du fleuve, puisqu’une augmentation de débit et par conséquent de la section mouillée du cours d’eau diminue la proportion d’eau filtrée par le guideau.