
Le transfert de géniteurs de lamproies marines sur des frayères de qualité suffisante, et notamment débarrassées de silures, est incontestablement bénéfique pour la reproduction de l’espèce. Un nouveau projet de translocation, de 17 945 lamproies, qui se prolonge jusqu’en mai, est en cours sur la Garonne-Dordogne. Le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux a toutefois, sur une n-ième requête de Défense des milieux aquatiques (DMA), suspendu la pêche des lamproies au filet, durant tout le mois de mars.
Dans son acharnement, son obsession à contester tous droits d’exercice de la pêche professionnelle en eau douce, Défense des milieux aquatiques (DMA) n’hésite pas, dans une requête en justice, à écrire, péremptoire et faussement, que transférer des lamproies marines sur des frayères présentant les qualités suffisantes pour qu’elles se reproduisent au mieux n’a aucun « intérêt écologique ».
Tout bénéfice
Hélas ! pour son président, Philippe Garcia, les suivis scientifiques assurent incontestablement le contraire. « Il résulte notamment du bilan des transferts de lamproies 2021, 2022 et 2023, que les résultats de ces opérations révèlent une augmentation du nombre de nids de lamproies et du nombre d’ammocètes échantillonnées sur une zone indemne de silures. Ainsi, il n’est pas sérieusement contesté que la mise en œuvre de transferts de géniteurs de lamproies sur des zones de frayères indemnes de silures, qui augmente significativement les taux de reproduction de la lamproie marine, est indispensable pour le soutien de cette population » tacle, dans son ordonnance, le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux, un transfert de géniteurs de lamproies qui « présente ainsi un intérêt public. »
Envergure
Fin janvier, DMA demandait, en effet, la suspension de l’arrêté des préfets de la Gironde et de la Dordogne autorisant l’association des pêcheurs professionnels en eau douce de Gironde à effectuer, entre janvier et mai, une opération exceptionnelle de captures de 17 945 lamproies marines sur la Garonne, du Bec d’Ambès à Castets-et-Castillon, et sur la Dordogne, du bec d’Ambès à la distillerie de Pessac-sur-Dordogne, lamproies transportées puis réintroduites, dans la foulée, en amont des ouvrages du Bergeracois, sur la Dordogne, et du Ciron, affluent de la Garonne. « La plus importante opération de translocation jamais montée » précise l’association des pêcheurs professionnels en eau douce de Gironde. Si le juge des référés a balayé l’argument de DMA de l’inutilité écologique, il a toutefois ordonné la suspension, durant le mois de mars, des opérations de pêche au filet dérivant. Car, justifie le juge, il y a, lors de ce mois, risques de captures accidentellement de saumons atlantiques en goguette migratoire, « susceptibles de porter à la conservation [de l’espèce] dans les zones de capture des lamproies marines, une atteinte grave et immédiate. »
Suivi scientifique
« Nous ne comprenons toujours pas cette motivation. Pour des soi-disant captures accidentelles de saumons, qui sont extrêmement faibles, et remises à l’eau vivantes, donc avec un impact nul sur les populations, on met à mal le plus grand plan de sauvegarde de la lamproie marine. Et, contrairement à ce qu’affirme DMA dans son communiqué publié sur sa page Facebook, ces opérations de translocation sont réalisées sous le contrôle scientifique d’un comité de pilotage réunissant l’association Migrateurs Garonne-Dordogne (Migado), l’office français de la biodiversité (OFB) et le Centre pour l’aquaculture, la pêche et l’environnement (Capena) » précise l’association des pêcheurs professionnels d’eau douce de Gironde.
Lâchers de lamproies marines sur le bassin Garonne-Dordogne en 2024
1978
Depuis 2022, aucun saumon n’a franchi la passe à poissons du barrage de Monfourat, sur la Dronne. 200, en 2022, 136 en 2024, ont emprunté celle du barrage de Tuilières, sur la Dordogne, respectivement 62 et 48 étaient aperçus dans celle du barrage de Mauzac, une vingtaine de kilomètres plus en amont, indiquait Migado dans ses rapports 2022 et 2024 des suivis de migrations sur le bassin Garonne-Dordogne.
Sur la bassin Dordogne-Garonne, les pêcheurs professionnels en eau douce ne pêchent plus le saumon depuis… 1978.